Où l'on reparle des bas-fonds

Le "Brother man" himself. Monsieur Lou Rawls, illustre inconnu dans l'hexagone franchouillard, super respecté chez lui jusqu'à ce qu'il se retire discrètement voilà deux ans.
De même que Jerry Butler avec Curtis Mayfield, Lou et Sam Cooke étaient amis d'enfance. Ils n'ont cessé d' être scolarisés et de gospeliser ensemble. Leurs carrières semblent parallèles, Lou Rawls débutant avec une voix qui tente de se rapprocher de la douce et fière fluidité de son ami, pour finalement avec le temps s'épanouir dans les graves, abandonnant souvent les harmonies chantées pour le talk-over. Mais alors que Cooke sera lamentablement terrassé en pleine gloire, son ami aura commencé sa carrière par sa fin présumée. Hé oui, annoncé pour mort suite à un accident, puis dans le coma et enfin amnésique, il abandonnera dès lors le gospel, pour le jazz, puis la soul en 1966. De par sa carrière il pourrait représenter pour le public noir, ce qu'un Neil Diamond deviendra chez les blancs, parfois dédaignés en raison de leur côté bien propre sur soi, ce qui serait résumer leur bel ouvrage plus que brièvement.
Ce n'est pas pour rien qu'il est devenu le "Brother Man". Vous trouverez ici deux versions de "Dead end Street" et entre les deux en aparté un talk-over majestueux où il est question des quartiers ghettoïsés des grandes villes américaines, passage marqué par leurs désignations communes. Vous pourrez aussi chercher "A Natural man", " et "Tobacco road" de la même veine. Ces morceaux sont autant marqués par l'humour décalé que par la tension musicale. La magie tient aussi et surtout à la maîtrise du flow, et autres jeux sur les mots, le majestueux flow, tel la Rawls Royce du parlé soul. Déjà héritier des "blues shouters" (crieurs de blues), il aura permis le cross-over qui aboutira au fil du temps au rap.
..."they called it the Windy City because of the Hawk. The Hawk. The all mighty Hawk. Mr Wind"...

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