Mes 45 tournent tournent, 2ème convoi:

1 The Beatles "Paperback writer / Rain" - 2 Jeannette "Porque the vas / Seguire amando" - 3 The Field mice "Sensitive / When the morning comes to town" - 4 The Pretenders "Middle of the road" - 5 George Harrison + lien vers "All things must pass" par les Beatles - "My sweet lord / Isn't it a pity?" + lien vers "Wah wah" - "What is life / Apple scruffs" - 6 Franco Battiato "Centro di gravity permanente / Summer on a solitary beach" + clip en clic sur le titre du texte - 7 Serge Gainsbourg "Sea, sex & sun / Mister Iceberg" - 8 Michel Polnareff "Lipstick" 9 Roberta Flack "Let it be me / Do What You Gotta Do"

Nom d'un scarabée, ce 45 t m'a changé l'avis

Vivent les voisins! Ceux d'en face pour les Beatles, de gauche, Patti Smith, Bowie, Van Halen (sic), de droite, le Velvet et Lou Reed... et derrière évidemment pour les Stones... carré d'as encore! Des voisins dans le vent! Mme Bernard avait celui à la pochette aux trétaux, au parapluie et à ce je ne sais quoi par terre, grêle, verre brisé... Aujourd'hui par la magie de la toile je vous l'offre en ligne, ce magical mystery 45 tours. Sans lui les choses auraient été bien différentes. Aurais-je dépensé autant de cesterces, perdu tant de place au sein du loft afin d'y caser ces trucs cartonnés qui m'accompagnent. Sans eux serais-je sorti de mes 100 ans de solitude ou fan de Jonathan Swift et autre humour à la limite du scabreux? "I can show you..." Ce "Rain", John l'a composé, influencé par une forte dose de marijuana en rentrant chez lui après une séance de studio terminée à 4heures du matin... il aurait pu au moins réécrire les paroles le saguoin! "Can you hear me....?"

Ouïr les ex-Quarymen, non plus dans le vent mais sous la pluie: "Rain, Paperback writer"

Viva Spania! Viva Jeanette! Viva 1975... et ce 45 tours qui nous y ramène...


L'été 1975 avec Jeanette l'Espagne devenait championne de la chanson qui met d'accord tout l'monde, et qui depuis l'est resté... Chanson extraordinaire, intro d'école, grain de voix de Jeanette, Jeanette elle-même qui semble ne chanter que pour chacun d'entre nous, la mélodie qu'entraîne le rythme envoutant, le refrain en "asse" dont on ne se lasse pas, tout semble d'une aisance proverbiale. Et si on écoute la fin du morceau, de se dire que c'est tellement plonplon, comment réussir un truc pareil? Chercher autour du son de cymbale peut-être qui semble sortir de l'enceinte, de l'orgue bontempi qui singe un saxo, des cuivres enjoués. C'est simple, c'est direct et motivant, ça t'accélère le rythme du coeur, tu danses, tu chantes en yahourt, ça s'inscruste et ça te reste là...! Mais pourquoi le vase? C'est tellement bien que personne n'a jamais écouté la face b digne de notre Claudine Longet nationale (qui ça?!). Une jolie petite chanson de bon augure comme introduction à l'été à venir. Guitare acoustique et violons, fallait bien ça pour sortir de la face A sans heurt.

Jeanette: "Porque te vas, Seguire Amando"

Guitares et boîte à rythmes? Celui-là est pour toi, adolescent qui danse des heures durant sur air guitar devant la glace de ta chambre

Ils en avaient raz le ponpon du son '80, de la FM commerciale, même si comme Prince certains avaient calmé le jeu. Le rock c'étaient Duran Duran ou le hard rock, fini la poésie, le bubble gum... Ils en avaient raz le bol de ne pouvoir être signés, même si  comme REM et d'autres ils quitteraient un jour le navire et retourneraient vers les majors. Ils rêvaient comme les punks et les héros new-wave de jouer ce qu'ils voulaient, comme ils l'entendaient, la pop indé étaient née. Bon le rock indépendant n'eut souvent de rock que le nom, mais il y eut de belles heures, de jolies mélodies, des murs de guitares, pas mal de boîtes à rythmes et de nombreuses pochettes bien cheap! Fini les Beatles, Beach Boys et Neil Young ... bonjour Smiths, My Bloody Valentine's, Pixies. Au mieux?!
The Field Mice, un premier single fabuleux en 1989 et puis après... On parle de rat des champs, on affiche des pingouins, pas manchots côté guitares. On imagine du vert, on nage dans le bleu et le rose. Une face nocturne, l'autre diurne. Deux longues ballades pop  de cinq minutes qui laissent rêveur et ne se lassent de réécoutes fréquentes... Magie du 45 t.

Ouïr: The Field Mice "Sensitive, When the morning comes to town", creusés les sillons...

"I'm standing in the middle of life..." en 45 prétendus petits tours qui m'ont décoincé l'ouïe et ouvert le chemin

Pochette en noir et blanc, les meilleures... celles de chansons qui vont droit à l'essentiel: "Long tall Sally" des Beatles, "Poison Ivy" chez les Stones, "Good vibration" des garçons de la plage, "Ca plane pour moi" de Plastic Bertrand, "Denis Denis" des Blondie, "Kiss" du Prince à talonnettes... Vers les dix ans, les Pretenders, les deux premiers LP imparables, c'était en écoutes chez le grand d'à côté. Mêlées à Patti Smith et Van Halen, ça dépotait bien. A son départ plus rien. Puis un soir d'hiver sans prévenir, ce single sur RTL:  son direct, tout en avant, le beat d'entrée, les guitares bavardes, cette voix à qui on la raconte pas, le miaulement, l'harmonica généreux. Chrissie Hynde allait être maman, elle nous le chantait à la figure! A l'époque ça bousculait, mais que passe cette radio aujourd'hui, que passent-elles en général? L'objet est pratique, une copie DJ, sans besoin de choisir la face, même titre en A comme en B. Ah non, toujours préférer la version Mono. La stéréo, la chose la plus bête qui nous soit arrivée, ça sert à rien, aucun avantage, que des ennuis, la ruine des disques aussi. Back to Mono pour toujours! "Yeaheah! One, two... but, I got a smile for everyone I meet. Long as you don't try dragging my bay, or dropping a bomb on a street!"

Ouïr: The Pretenders "Middle of the road"

Deux pour 45 tours avec tondeuse et nains de jardin compris

 
Les premiers simples de l'épopée rock'n'rollesque furent souvent publiés en France par paquets de trois ou quatre, au moyen d'un seul et unique cliché monochrome dont le colori évoluait. Cette pratique a parfois resurgi comme pour ce magnifique couplage vert et orangé tiré d' "All things must pass" de 1970, photographié par Barry Feinstein. Que du bon, sans compter la fameuse pomme à l'intérieur, face A entière, face B coupée en sa moitié, bonheur fruité! Et du beau linge, produit par Harrison et Phil Spector, Ringo Starr aux fûts, les Bad Fingers à la rythmique et aux parcus, Eric Clapton et Dave Mason aux leads, Klaus voorman à la basse, Billy Preston au clavier, entre autre... Les apples scruffs étaient des hippies groupies qui se pressaient derrières les studios Apple et que le George avaient pris en sympathie et sans vergogne le bougre!

George Harrison "My sweet lord / Isn't it a pity", première vague.

George Harrison "What is life / Apple scruffs", deuxième virée.

45 petits tours avec Franço Battiato au coeur d'un vieux bric-à-brac parigot

Un 45 tours offre un monde bien à lui, que ne peut reproduire ni un album, ni un morceau isolé. La pochette, le choix graphique, le format, son rythme interne avec ou sans cohérence. Ceux présents ici ont tous ceci en commun, objets uniques et référents, et le rappel du lieu et du moment de leur trouvaille; aspects éminemment personnels, mais ça se partage... En prévision d'une soirée dont le single vinyle était le point d'orgue, j'ai déniché celui-ci tout à fait par hasard, n'y croyant plus, derrière un rideau ridé, avant dernier d'une pile des plus déconcertantes, comme toujours. Présent dans la pochette, pas un luxe, immaculé, nul besoin de lui, car possédant "La Voce del padrone" en compact, mais il était là n'attendant que moi, son visuel plus ouvert que celui de l'album, l'alliance des deux faces électro 80, kitch pur jus, totalement freak, aux paroles des plus inspirées, comme si Juvet se mettait à chanter du Ferré. J'exagère? Mais non voyons! Demandez aux italiens pour voir... Qu'est-devenue cette merveilleuse boutique, rue de la Fontaine du but, à la patronne digne de Gervaise avant l'accident de Coupeau, au vendeur, sorti d'un second rôle du Faucon Maltais, chapeau compris, qui quand ça lui prenait te sortait le "velour" de notre Johnny, histoire de se la péter un peu, et aux prix relevant du délire... "t'en as dix, allez va pour 15!" Ben le petit bar est devenu style-genre, la gargotte portugaise un franco-italo pas bon, le père à Timsit et ses étiquettes à la main, lui est toujours là et la caverne d'Alibaba, une autre agence immobilière, aux affiches imprimées.

Ouïr: Franco Battiato "Centro di gravita permanente, Summer on a solitary beach"

Tout est bon dans l'45 tours, avec ou sans écharpe, entre plage et banquise

Mais que sont-ils devenus, sur quelle planète tournent-ils encore. Hey! Pour 2 francs six sous et quelques minutes à géométrie variable du bassin, agrémentées d'envolée d'air guitare en chambre, nous enquiquinions le voisinage à coup de mélodies, rythmes endiablés et kitcheries dansesques dénichées au carrefour du coin, solitaire ou entre amis, platinés et diamantaires. L'aiguille est usée... a... b... je sillonne et je craque, bien trop soul, les pochettes vides, ça tourne pas rond dans l'Ipod. J'ai le vinyle triste, mais vous r'prendrez bien un peu de caouettes sur le clic-clac!

Ouïr: Serge Gainsbourg "Sea sex and sun, Mister Iceberg"